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Ariane Baste Morand 3 min

Alice au Pays des Merveilles – version Disney de 1951

En l’honneur de son 150ème anniversaire, l’oeuvre phare du Salon du livre et de la presse jeunesse 2015 était la célèbre Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll. Nous revenons donc cette semaine sur les différentes adaptions d’Alice ainsi que sur la version originale.

À ce propos, Benjamin Lacombe, auteur invité au salon pour présenter sa nouvelle Alice, dit : « Alice est un texte hors du temps. Il n’est pas « moderne » dans le sens où il parle d’un autre temps justement. Mais il est d’actualité, parce qu’il traite de sujets qui intéresseront toujours les enfants : le passage à l’âge adulte, les transformations physiques, les dysfonctionnements qui accompagnent cette période. Alice parle de ce moment de bascule entre l’enfance et l’âge adulte, un moment important. Et c’est ça qui en fait un texte éternel. » (http://culturebox.francetvinfo.fr/salon-du-livre-et-de-la-presse-jeunesse-de-montreuil-2015/interview-benjamin-lacombe-son-alice-invitee-au-salon-du-livre-de-montreuil-231869)

Aujourd’hui, c’est sur l’adaptation cinématographique de Disney que je veux revenir. Petite, l’histoire d’Alice au Pays des Merveilles n’était rien d’autre que ce film abracadabrant. Parce que j’ai découvert plus tard le texte derrière le film, je propose de faire une petite comparaison.

Tout d’abord, Disney a cherché à reproduire plus ou moins fidèlement les illustrations de John Tenniel que Lewis Carroll avait engagé. On retrouve des détails similaires, comme pour le chapelier fou (le 10/6 sur son chapeau) :

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Hormis le fait que les personnages y soient animés et en couleurs, les illustrations conservent l’essentiel de l’original.

Par souci de temps, certains chapitres ont été coupés du film pour qu’il dure une heure, comme celui du Griffon ou encore celui de la Duchesse et de son bébé. La trame principale, pour qu’elle soit plus cohérente, se centre sur la recherche d’Alice du lapin en retard. Cette recherche est retardée par un nombre de digressions qui constituent les aventures de la petite fille. À chaque scène sa chanson et ses nouveaux personnages. Pour moi, il reste l’un des films les moins rassurants de Disney par le simple fait que le personnage n’a jamais de répit. Elle se retrouve très rarement seule et l’attention du spectateur est sans cesse attirée par les bruits et les couleurs qui tourbillonnent sur l’écran.

De même, Alice au Pays des Merveilles n’est pas un conte de fées. Les personnages sont dépourvus des critères distinctifs pour les départager entre protagoniste et antagoniste. La relation d’Alice à ses interlocuteurs ne se fait jamais en douceur et lorsqu’elle adhère un instant au personnage en face d’elle, cela ne dure jamais très longtemps, comme lors du thé avec le Chapelier et le Lapin de mars. Le caractère absurde du texte de Lewis Caroll, seulement en partie retranscrit, est à la source des divers malentendus entre les personnages. Face à ses interlocuteurs (et peut-être aussi face aux adultes), Alice se prend à parler dans le vide, à des gens qui se croient plus importants qu’elle et qui sont persuadés d’avoir raison, même lorsque leur logique est irrationnelle. Les divers potions et gâteaux qui font grandir et rapetisser sont des moyens pour Alice de se détacher d’eux et même, parfois, de les dominer, comme lorsqu’elle assène ses quatre vérités à la Reine de coeur parce qu’elle est soudain immense en comparaison. Grâce à cela, Alice est tour à tour victime, puis figure d’autorité dans ce monde carnavalesque.

Ce qui fait que ce film n’est pas simplement terrifiant, c’est l’attitude détachée qu’adopte Alice face aux situations saugrenues qu’elle rencontre, et qui permet le surgissement du rire. Ce comportement se retrouve aussi dans le livre.

Globalement, Alice au Pays des Merveilles mérite son statut de « classique » parce qu’il fascine les enfants et donne matière à penser aux adultes.

Ariane

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