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Ariane Baste Morand 3 min

Maintenant, c'est ma vie

J’ai vu pour la première fois il y a quelques mois l’adaptation cinématographique de « How I Live Now » (« Maintenant, c’est ma vie » en Français), un roman de Meg Rosoff. Aux premières notes de musique du générique de fin, je me suis précipitée sur ma bibliothèque pour y retrouver ce roman et en relire quelques pages. Bien que le film ait conservé une partie du charme dont est imprégnée l’histoire, j’ai tout de suite eu besoin de me replonger dans ces mots qui avait tant ravie la jeune fille de quinze ans que j’étais à ma première lecture.

Une adolescente new-yorkaise en pleine crise est envoyée chez sa tante en Angleterre pour y retrouver l’appétit qu’elle a perdu en vivant avec son père et sa belle-mère tyrannique. Si elle se montre réticente et peu amicale au départ, Daisy finit par se lier d’amitié avec ses cousins – Piper, Isaac, Edmond et Osbert – devenue sa famille adoptive. Peu à peu, celle-ci s’épanouit dans la campagne anglaise, bien qu’une nouvelle guerre mondiale menace de se déclencher. L’amitié se transforme peu à peu en amour entre Daisy et Edmond, un jeune homme discret et attentionné qui semble deviner les désirs de la jeune fille avant même qu’elle les verbalise. Une fois que la guerre éclate, les adolescents sont livrés à eux-mêmes lorsque la tante de Daisy est retenue à Oslo et que les frontières se referment. C’est dans une ambiance surprenante d’insouciance que progresse l’idylle de Daisy et Edmond, retirés du monde dans leur ferme isolée. Ils finiront par ne plus vouloir se quitter. Mais un jour, des soldats réquisitionnent la maison et le groupe est contraint de se séparer : Daisy part avec Piper et ainsi commence une longue période d’errance pendant laquelle il faudra survivre, mais aussi et surtout se retrouver.

C’est une histoire très touchante qui aborde des questions et des thèmes sombres et pénibles tels que la mort, la guerre et la perte, tout en maintenant un ton léger et cynique propre à une jeune fille désabusée de quinze ans. Je me suis surprise à rire même lorsque la situation ne s’y prêtait pas car la narratrice sait mettre en lumière l’ironie déroutante de ses aventures. Malgré cela, son ton enjoué n’est pas imperméable à toutes les souffrances, et le texte est traversé par des moments de désespoir et de frustration qui sont émouvants justement parce qu’ils sont rares.

On suit l’histoire d’amour de Daisy et Edmond avec délice, de leur début maladroit à la maturité dont ils devront faire preuve plus tard. L’espoir de retrouver Edmond est ce à quoi s’accroche Daisy pour garder le courage de survivre au milieu d’une guerre épuisante. Lorsqu’elle retourne à la ferme, six ans après les événements, elle trouve un Edmond brisé, qui ne parle presque plus et se consacre entièrement à l’entretien de son jardin. Le retour de la jeune femme n’y change rien. Elle doit faire preuve de tendresse et de patience pour essayer de l’arracher aux souvenirs écrasants de la guerre et retrouver celui qu’elle connaissait.

Ce roman, paru en 2004 aux éditions Penguin Books, a reçu le British Guardian Children’s Fiction Prize ainsi que le American Printz Award pour la littérature pour jeune adulte. Il a été traduit en français en 2014 chez Albin Michel Jeunesse.

Ariane

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