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Ariane Baste Morand 2 min

"Le Mariage forcé" version 2.0

Quand on naît quelque part, qu’on ne connaît que cette vie, cette culture, sa vision de l’amour, de la femme et du mariage, comment trouver légitime d’être un pion dans la main de ses parents, dans la vie de gens qui habitent à des milliers de kilomètres ?

C’est tout simplement inconcevable.

Awa a vécu toute sa vie en France, à Villepinte, avec ses soeurs, ses frères et ses parents. Elle tombe de haut le jour où elle découvre que son destin a déjà été tracé pour elle quand elle était encore dans le ventre de sa mère. Elle doit se marier avec son cousin Malick au Sénégal, c’était la condition pour que son oncle leur prête l’argent pour venir vivre en France.

« L’autre naine, là, dit Awa en désignant à nouveau Ernestine, elle a été conçue gratos. Elle n’est pas là pour payer les dettes de voyage, comme moi, ou pour devenir l’intellectuelle qui envoie de l’argent à tout le village, comme toi. Elle, elle peut continuer ses rêves de pin-up peinarde. Elle n’a pas un job de naissance. »

Sa tante Dado (l’intellectuelle) est célibataire et chercheuse en mycologie. Pour en arriver là, elle a du essuyer bien des remarques de sa famille. C’est la première à se ranger du côté d’Awa et à défendre sa volonté, malgré les préjugés : « Et moi, je suis peut-être une vielle fille, mais je suis libre, et ça n’a pas de prix. »

Awa perd l’appétit et l’envie de réviser son bac de français. Tout ça lui paraît absurde si c’est pour finir au fin fond d’un village, mariée à un cousin qui, en plus, ne l’enthousiasme guère.

Ernestine, sa petite soeur, grande actrice en devenir, récite son rôle d’Agnès dans L’Ecole des Femmes à longueur de journée. Entre deux répliques, la rumeur de ce mariage vient la troubler et elle décide de trouver une solution.

Ensemble, les femmes de la famille, rejointes par le professeur de français, vont chercher à sortir Awa de ce pétrin.

Le coeur n’est pas un genou que l’on peut plier illustre avec humour le fossé qui sépare deux cultures. La force des traditions symbolisée par la figure du père est remise en question par ces femmes au grand coeur qui voient une occasion de changer les choses, même à leur échelle. Les personnages sont vrais et touchants.

Le tout produit un cocktail pétillant et frais qui régale et donne le sourire !

Un vrai coup de coeur pour ma part !

Le coeur n’est pas un genou que l’on peut plier, écrit par Sabine Panet et Pauline Penot, est paru en 2012 aux éditions Thierry Magnier.

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