V

Manon 5 min

Vivons la nuit !

Parce que ces jours-ci les nuits d’été sont souvent plus douces que la chaleur diurne, nous avons décidé, en cette saison estivale, de nous rafraîchir l’esprit avec Le Livre de la nuit, écrit par Valérie Guidoux et illustré par Hélène Rajcak, publié aux éditions Casterman en septembre dernier.

Douce nuit

Plein de ressources, l’ouvrage est ainsi empli de personnages que l’on voit vivre la nuit, dans différents tableaux. Il y a aussi bien ceux qui s’amusent durant les fêtes de lumière que ceux qui sommeillent au milieu de la nature. Il y a aussi bien les hommes et les animaux qui dorment, pêle-mêle au milieu de la forêt, que ceux qui contemplent la nuit en grattant la guitare à la lumière des étoiles.

clair_de_lune_À travers Le Livre de la nuit, nous traversons de multiples situations qui rappellent aux petits lecteurs que, pendant que nous dormons paisiblement dans notre lit, il y a un grand nombre de choses à découvrir et à apprendre. Les différentes scènes rencontrées sont l’occasion d’analyser la nuit : l’observation de constellations que peignent les personnages dans le ciel, seront le moment de se rappeler des douze signes du Zodiaque. La rencontre avec « la Reine de la nuit » permet de connaître un peu mieux les visages de la lune, cet astre de la nuit dont l’apparence varie au fil du temps.

Un livre pour tous les noctambules

Car dès que le soleil est parti, la vie nocturne s’éveille et surtout la nature, que l’on découvre au fur et à mesure de l’ouvrage : « la mer remue, le vent souffle, les nuages défilent, les volcans mijotent, la Terre tourne. » « Tout continue », et en particulier pour les bêtes de la forêt. Le hérisson, la chouette et la chauve-souris, quant à eux, ne dorment pas. Ces sont « les habitants » de la nuit. Les personnages les regardent discrètement s’agiter dès que le soleil se couche, avant que tout se calme. Ce sera alors « la sieste de minuit », ce moment où tout s’apaise pour reprendre de plus belle vers 3h ou 4h du matin.

Il y a en somme, de la place pour chacun dans ce livre. L’auteur et l’illustrateur n’oublient pas ceux qui travaillent la nuit, c’est à dire, « ceux qui enfournent le pain du matin, ceux qui prennent soin des malades, ceux qui viennent dès qu’on les appelle au secours, ceux qui impriment les journaux le lendemain, ceux qui conduisent les trains de nuit » et même « ceux qui font leur coup en cachette. »

La « sombre clarté » de la nuit

Cet ouvrage est l’occasion rêvée pour en apprendre un peu plus sur ce moment de la journée que nous connaissons moins. Saviez-vous par exemple que le dauphin ne dormait qu’à moitié, en nageant et respirant à la surface ? Et que la mouette dormait debout, sur une seule patte ? Good to know ! À chaque nouveau moment de la nuit, à chaque nouvelle facette apportée par le livre, elle devient pour le lecteur de moins en moins obscure.

fete_de_lumiere

Et pour cause, bien que cet ouvrage soit immergé dans la nuit, les couleurs n’en sont pas sombres pour autant. Bien au contraire, l’illustratrice a réussi à exploiter les milles teintes et couleurs nocturnes : celles du joli « bouquet d’étoiles » et des planètes, des lampions lors des fêtes de lumière, le panaché de vert de la nature, celles encore plus frivoles et rosées dans les rêves des enfants – double-page particulièrement féérique et onirique – ou encore celles de l’aube qui pointe le bout de son nez à la fin de l’histoire.

« Lumières sur la ville »

… et sur les sciences ! Car si un grand nombre d’informations sont glissées dans l’album, de petits encadrés informatifs sont parsemés un peu partout. Très utiles, ils expliquent brièvement et clairement ce à quoi se réfère la page. De quoi tout savoir sur le théâtre d’ombre, l’histoire de la Grande Ourse, ou encore les constellations. C’est ainsi que j’ai appris par exemple que l’empreinte de pas des tout premiers astronautes sur la lune disparaitront seulement dans un ou deux millions d’années…

Ingénieux, le livre donne également des idées pour explorer la nuit dans son intégralité. Il nous incite tantôt à aller à tâtons « respire, écoute, regarde : il n’y a rien de vraiment inquiétant. Mais, tout comme dans un coquillage on entend la mer, dans le noir on devine notre immense imagination. » ; tantôt de sentir la nuit, d’essayer d’y vivre :

« Dans le noir, est-ce possible ? coudre, attacher ses lacets, écrire une lettre, fermer ses boutons, dessiner,  conduire une voiture, enfiler ses chaussettes, chanter, lire une histoire, manger un caramel, monter ou descendre l’escalier, s’embrasser, écouter de la musique, sentir une fleur… ».

Tout est possible !

amoureux

Quand le soleil a rendez-vous avez la lune

Et si le livre se finit, après avoir connu toutes les teintes de la nuit, c’est avec un « Bonjour ! » qu’il s’achève. Car en effet, place au jour, et le bruit de la vie ! Au réveil, presque rien n’a bougé, « mais certaines nuits, un tyran a été chassé, des amoureux se sont rencontrés, quelqu’un est mort, un enfant est né, la neige est tombée, les oies sont revenues… On se réveille et tout a changé ! ».

Voici en somme, un livre sur le monde de la pénombre qui est, en réalité, plein de lumière. Du coucher du soleil jusqu’au petit matin, le lecteur peut feuilleter le livre dans l’ordre qu’il souhaite, découvrir la nuit en images accompagnées d’un texte poétique, au vocabulaire riche et varié, que même les parents devraient apprécier. On en apprend à chaque nouvelle page !

Le Livre de la nuit, texte de Valérie Guidoux, illustrations de Hélène Rajcak, coll. Documentaire, Casterman, septembre 2014.


Prix : 16,75€

Format : 24.7×28.8×1 cm

Pages : 48.

 

 

 

Avis de lecteurs

Rédiger un commentaire