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Manon 3 min

De l’art de paresser 

Je sais, il y a deux semaines je recommandais un album qui portait sur l’adoption d’un animal domestique. Il faut croire que ce sujet me travaille. Pardon donc pour ce thème qui devient récurrent, mais comme moi, je pense que vous ne pourrez résister à ce coup de cœur découvert en Allemagne : Lucky, album écrit par Jenny Offill et Chris Appelhans, édité aux éditions Aladin en mars 2016.

 

lucky

Lucky, « l’animal le plus paresseux du monde »

Si chez Frimousse les parents ont réussi à éluder la question, « on va réfléchir », ici la maman trouve un autre subterfuge lorsque sa petite fille lui demande nuit et jour si elle peut avoir un animal. Ou du moins, c’est ce qu’elle croit :

« Tu peux avoir tous les animaux du monde, tant qu’il n’a pas besoin d’être sorti, lavé ou nourri. »

(Du kannst jedes Tier der Welt haben, solange es nicht ausgeführt, gebadet oder gefüttert werden muss.)

Habile. Mais les enfants le sont bien plus encore quand il s’agit d’obtenir ce qu’ils désirent. Encyclopédie en main, notre héroïne dégote l’animal qui correspond exactement aux exigences de sa maman : un paresseux. Le paresseux, das Faultier en allemand, c´est cet animal qui dort seize heures par jour, reste accroché toute la journée à l’arbre sans quasiment bouger. Nourri de feuilles et abreuvé par la rosée du matin, cet animal est « l’animal  le plus paresseux au monde ». Et comme « versprochen ist versprochen » ou autrement dit « promis c’est promis », la mère est contrainte d’accepter cet animal aux allures d’E.T: l’extraterrestre, que l’enfant baptise Lucky.

… et le plus attachant

lucky (1)

Si la petite est par moment un peu déçue par l’absence d’animosité de cet animal taciturne, elle ne l’en aime pas moins. Même quand sa copine Mary Potts la provoque : son chat qui sait danser sur les pattes arrières et son perroquet dont le vocabulaire s’étend à vingt mots, sont bien plus passionnants que son pauvre paresseux qui ne cesse de dormir (mais peut-être aurait-elle dû regarder Zootopia !). Le challenge est lancé, le contraire devra être démontré en spectacle ! Le défi qui se trame ne s’annonce pas facile… Mais notre héroïne est patiente et rien ni personne ne pourra la séparer de son animal dont elle s’occupe sans relâche.

Prenons-en de la graine

Attachante et drôle, cette histoire nous fait rire. D’abord par ce simple énergumène fainéant, lent et inerte, mais aussi parce que la petite ne se décourage jamais. Des inconvénients à adopter un paresseux ? Que nenni. Jouer à cache-cache, faire du kung-fu ou jouer à celui qui médite le mieux, doivent être essayés avec un paresseux. Peu importe ce que disent les autres, l’enfant a trouvé le meilleur compagnon du monde. L’histoire nous amuse par le contraste qu’il y a entre la persévérance et l’énergie de l’héroïne, et l’immobilité de cet animal (bien plus apprécié d’ailleurs depuis Zootopia). Les illustrations aux teintes claires et pâles, rosées, bleues et marron, réalisées à l’aquarelle, m’ont plue pour leur originalité et leur simplicité – bien que la plupart des pages sont sur fond blanc – qui du même coup les met chacune en valeur et s’apparentent par moment à des saynètes. À la fin de l’ouvrage, on relativise. C’est vrai après tout, si on flemmardait un peu nous aussi ?

Lucky, Jenny Offill et Chris Appelhans, traduit de l’anglais par Sophie Birkenstädt, éditions Aladin, mars 2016. Edition originale publiée chez Random House Children’s Book, 2014.

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