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Bérengère 2 min

Les murs ont des oreilles

Après les cours, avant le foot, Thomas aide son père maçon avec plaisir les samedis pour gagner de l’argent de poche. Mais ce qu’il en retire de rencontres et de compréhension humaine est peut-être encore plus précieux.

Du cœur à l’ouvrage

Presque tous les vendredis soirs, c’est le même rituel :

 

–T’es libre demain ?

–Comme le vent

 

Et chaque samedi qui suit, Thomas aide son père sur un petit chantier. Démolir et construire, faire et défaire : c’est son lot. Thomas est heureux de ces moments avec Charles, satisfait de se rendre utile aux gens, rassuré de pouvoir s’occuper plutôt que d’errer avec ses potes.

Aux côtés de son père, avec qui il partage une sympathie qui se passe de mots, Thomas apprend à apprécier le travail bien fait. Et peu à peu il construit son regard sur le monde.

Sous les gravats, l’humain

Le livre est composé de plusieurs récits, comme autant de briques indépendantes les unes des autres mais dont le ciment commun est le regard du garçon.

Chaque histoire se passe sur un chantier, et chaque chantier offre à Thomas une expérience d’humanité. Si les travaux de maçonnerie sont le socle du récit, c’est ce qui se passe autour – les relations humaines – qui en est le cœur.

Tout en accompagnant Thomas qui pioche, cimente, démolit, porte, soulève, abat, porte encore, sue et maugrée intérieurement, on voit aussi avec lui des bribes de vie : celles des gens dans leurs maisons, dans leur quotidien. C’est à travers son regard – parfois d’abord violent, puis que la compréhension adoucit – que nous sont présentées les personnes âgées, démunies, malades, seules ou provocantes, agressives, menteuses, réconfortantes.

Thomas ne parle pas beaucoup, c’est un adolescent qui ne renâcle pas devant l’effort, qui n’aime pas être dérangé, mais qui saisit toujours la gravité et la profondeur des vies qu’il rencontre.

Il y a…

La vieille dame inquiète, dont il faut réparer la cheminée sans faire trop de poussière

Le joyeux diabétique qui préfère sa bière à sa vue

La jeune femme portugaise, qui pour une œillade reçoit des coups

La main anonyme, qui tend un café au travailleur glacé

Le vieux silencieux, qui vient juste regarder

La jeune fille en chaussettes, qui attend sur le palier

Dix histoires qui sont ainsi des récits vrais et intimistes, sensibles que l’on peut piocher sans ordre ni contrainte. Des fragments de vie, des morceaux de moments qui bout à bout, forment les fondations du jeune homme que devient Thomas.

 

Faire et défaire, Mathis, Éditions Thierry Magnier, 2007. 10,10 €

À partir de 13 ans

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