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Stéphanie 3 min

« The Loop » par Ben Oliver

Une prison entièrement automatisée, des expérimentations sur les détenus, une guerre à l’extérieur, et de l’espoir malgré tout… The Loop de Ben Oliver nous transporte dans un univers impitoyable où les hommes ont confié leurs vies à des machines, au prix de leur humanité.

Prison Break pour jeunes adultes

À 16 ans, Luka Kane a déjà passé deux ans dans le Loop pour le meurtre d’un autre adolescent. Sa vie est réglée comme du papier à musique : trois repas par jour, musculation, lecture. Le même cycle recommence tous les jours et se termine invariablement par la Récolte, un processus destiné à vider les condamnés de toute leur énergie – qui est ensuite recyclée pour faire fonctionner la prison. Les seuls moments où les prisonniers peuvent quitter le Loop sont les Reports, tous les 6 mois, pour servir de cobayes aux scientifiques du gouvernement.

Mais pourquoi cette machine bien huilée se dérègle-t-elle peu à peu ? La routine est bouleversée, les Reports arrivent en avance… Et Wren, la seule employée humaine du Loop, a un comportement étrange. Des rumeurs de guerre et de disparitions se propagent depuis l’extérieur. Quelque chose est en marche.

Une structure temporelle

La construction habile des premiers chapitres représente bien la monotonie de cette existence carcérale. Chaque chapitre correspond à une journée dans le Loop, et raconte donc plus ou moins la même chose, mais de plus en plus vite. Le rythme s’accélère, le temps se resserre, donnant l’impression d’être pris dans un étau sans échappatoire. Un tourbillon qui nous donne le vertige et nous plonge directement dans le quotidien de Luka, nous laissant aussi désorientés et angoissés qu’il l’était à son arrivée au Loop.

Puis les grains de sable s’accumulent et le quotidien déraille. L’aventure commence.

En dehors de la boucle

Le monde hors de la prison est aussi dangereux qu’à l’intérieur – peut-être même davantage. Ben Oliver nous montre une société apocalyptique où tous les pays de la planète se sont rassemblés pour former une seule et même nation ; mais ce n’est toujours pas suffisant pour empêcher les humains de s’entretuer.

Les puissants veulent conserver le pouvoir à tout prix, les opprimés veulent s’en emparer. Les prisonniers veulent retrouver la liberté. Et ces factions vont s’affronter sur fond d’inégalités et de technologie de pointe.

The Loop : une dystopie humaniste

Écrit à la première personne, ce roman est une dystopie glaçante. Le suspense fonctionne à plein régime et il est impossible de s’arrêter. Luka doit réagir au quart de tour face à des événements imprévus, captivant l’attention du lecteur. Il tente de survivre et de sauver ses amis, révélant au fil des pages le héros qui sommeillait en lui.

Car les interactions sociales n’ont pas définitivement disparu malgré la dureté du Loop. Les adolescents se rapprochent, s’aident ou se détestent comme ils pourraient le faire au dehors, mais avec une intensité exacerbée par la possibilité de mourir à chaque instant.

C’est aussi ce que nous promet The Loop : l’espoir de conserver notre humanité dans des conditions extrêmes, et de vaincre les dangers qui se multiplient.

Ben Oliver, The Loop, La Martinière Jeunesse, 2020.

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