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Manon 5 min

Rencontre – Une balade aux côtés de Juliette Lagrange

Que ce soit au travers de Hulotte, L’arrêt de bus ou de Nickel le teckel, l’autrice et illustratrice Juliette Lagrange nous envahit de couleurs et d’êtres plus mignons les uns que les autres. Ses illustrations aux couleurs aquarelle sont pleines d’énergie et de détails croquants, dont nous souhaitions connaître l’origine. Faisons donc la connaissance de Juliette Lagrange, puis concentrons-nous sur son dernier livre, Nickel le teckel – en attendant de connaître le suivant, Le loir dans la théière, qu’elle a réalisé avec Anahita Ettehadi. Il paraîtra chez Sarbacane le 7 septembre.

Lisons Jeunesse : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Juliette Lagrange : Je suis illustratrice, et autrice plus récemment. Je suis sortie de l’école Émile Cohl en 2016. Depuis je me consacre à la réalisation d’albums jeunesse et de dessins pour la presse. Le dessin était une des rares matières où j’avais de vraies bonnes notes à l’école, donc je me suis orientée vers cela, car je comptais bien avoir mon bac. Par la suite, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire. Et je voulais tout faire en même temps.

Puis j’ai rencontré un ami qui était en école d’art. Ses devoirs de vacances étaient de remplir entièrement un carnet de croquis avant la rentrée. J’étais choquée, j’ai tout de suite voulu faire ça. J’ai adoré. D’ailleurs je pense que j’ai eu la même tête que Nickel lors de mon premier cours de dessin sur chevalet. J’étais ravie.
Après, j’ai démarché de manière acharnée. J’avais vraiment peur de ne pas y arriver. Alors, je suis « montée à Paris » plusieurs fois avec mes originaux, ça pesait un âne mort. J’ai signé mon premier album chez Kaléidoscope, rencontré au salon du livre de Montreuil, je n’y croyais pas. Je travaille toujours avec Camille Guénot, avec qui j’ai fait plusieurs albums, c’est un vrai plaisir.

L. J. : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

J. L. : Je m’inspire de ce qu’il y a autour de moi, j’aime dessiner des décors que je connais « en vrai » pour en observer les détails, les couleurs, les lumières. J’écoute les gens parler, regarde leurs attitudes, leurs démarches. J’observe aussi les animaux, les arbres, les insectes, vraiment tout.

L. J. : Quel est votre livre jeunesse préféré ?

J. L. : J’aime beaucoup Beatrice Alemagna, Mitsumasa Anno,Kazuo Iwamura, Claire Lebourg, Héloïse Solt, Amélie Graux, Camille Jourdy, Sempé bien sûr, Quentin Blake… et bien d’autres.

L. J. : La page blanche pour vous c’est…

J. L. : C’est un départ, je me jette dedans et je regarde à la fin. Si je réfléchis trop au début, je ne m’en sors pas. Même au milieu, j’évite de râler et je continue. Je me dis que je verrai à la fin car ça a tout le temps de changer. C’est un genre d’adrénaline, mais qui n’est pas désagréable car au moins je me concentre.

L. J. : Avez-vous un lieu et un moment préférés pour créer et travailler ?

J. L : Je travaille toujours en atelier, avec des illustrateurs ou autres professions. Je suis trop sociable pour travailler seule. Il faut que je puisse échanger en cours de route. Je n’ai pas de moment préféré, par contre la réalisation des crayonnés c’est assez laborieux pour moi. Ce que j’aime par-dessus tout c’est la couleur. La partie « technique » m’énerve un peu. Mais je me challenge à chaque fois pour essayer de me renouveler…

L. J. : Comment est né l’attendrissant Nickel le teckel ?

J. L. : J’étais en terrasse de café à Paris et j’ai vu quelqu’un marcher avec ce chien, un teckel noir. Il m’a beaucoup plu car il avait une allure ridicule mais un port de tête très fier, un poil brillant et une allure très guindée. Les autres chiens du parc étaient tous très sportifs, et obnubilés par les balles, courir, etc. Ce teckel était à part. Ses maîtres s’agitaient en tous sens pour le faire réagir et pour qu’il joue, mais rien à faire. Il restait planté à l’ombre d’un arbre, couché sur le flanc, à contempler au loin. J’ai rigolé toute seule, et j’ai imaginé sa vie avec ses maîtres, et la sienne en parallèle.

L. J. : Comment avez-vous procédé pour écrire et illustrer cette histoire ?

J. L. : J’écris comme ça me vient, au début c’est bien fouillis. Je le lis à mes amis et ils m’aident à y voir plus clair. Quand je suis à peu près satisfaite, je le propose à l’éditeur. J’ai toujours peur que ce ne soit pas intéressant. Quand je reçois une réponse positive, je saute de partout.
Puis il me suggère aussi des modifications. On arrive à quelque chose qui tient debout et qui est plus clair. Pour les illustrations, je me balade, je fais beaucoup de croquis, photos, et je mixe tout cela dans des crayonnés.

L. J. : Quelle(s) technique(s) avez-vous utilisé pour illustrer ce livre ?

J. L. : J’utilise toujours la même technique, rotring puis aquarelle. J’ai déjà essayé d’autres choses mais ça ne me plait pas. Donc je continue comme ça. On verra plus tard, si je deviens « blasée » de l’aquarelle. Pour l’instant ce n’est pas le cas. J’ai toujours des choses à améliorer.

L. J. : L’atelier d’artiste dans lequel se rend le petit teckel est très accueillant. S’approche-t-il de votre atelier ou était-ce simplement le fruit de votre imagination ? Peut-être l’atelier de vos rêves ?

J. L. : Pas du tout mais j’aimerais bien ! C’est clairement l’atelier de mes rêves. En revanche « l’ambiance » avec les autres en est très proche, c’est assez chouette de travailler ensemble.

L. J. : Vos illustrations fourmillent de détails savoureux. Combien de temps consacrez-vous à une planche en général ?

J. L. : Je mets environ un mois pour faire le chemin de fer, et les crayonnés.
Une journée ou deux pour l’encrage, et une journée ou deux aussi pour la couleur.
Généralement je passe entre 3 et 4 mois sur un album.

Un grand merci à Juliette Lagrange pour avoir pris le temps de répondre à nos questions ! Nous sommes impatientes de découvrir Le loir dans la théière

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