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Marie Béziès 2 min

Un petit air d'ocarina ?

« – Birbuli pla paplu

– Beurnilibulu bac, pac pac !!!! »

Intrigant. Pistouvi, notre jeune renard malicieux, ne doit surtout pas écouter ces paroles d’oiseaux, sous peine de voir sa vie bouleversée à jamais. Son amie Jeanne, avec qui il partage l’arbre qui lui sert de foyer, est là pour veiller sur lui, grâce à son ocarina magique.

Ce manga, aux illustrations fines et épurées, nous plonge dans un monde totalement onirique et une ambiance qui n’est pas sans rappeler l’univers de Miyazaki. Un homme-tracteur géant et bourru laboure inlassablement les plaines sans fin, pendant que le vent, personnifié sous les traits d’une femme douce et belle, ne cesse de semer les graines du renouveau sur son passage…

pistouvi_extrait

Au creux de cette vie paisible, Pistouvi et Jeanne voient pourtant leur relation s’altérer petit à petit, sous la menace latente et grandissante des oiseaux qui, on le découvre, sont pourtant des êtres tout à faire ordinaires et sociables. Le vent, veillant avec bienveillance sur cette amitié atypique, constitue une présence rassurante.

Mais un jour…

 

« Sous le ciel, il n’y a rien qui soit stable, rien qui ne dure à jamais. »

(et c’est Bouddha qui le dit…)

 

Pistouvi est un ouvrage comme je les aime, laissant suffisamment de place à l’imagination du lecteur. Certains diront qu’il s’agit d’un récit initiatique, qui symbolise l’entrée dans l’âge adulte : ainsi, au fil de l’ouvrage, on voit le jeune renard lutter contre une métamorphose qui s’avère inexorable. C’est aussi ce que suggère la 4e de couverture : « L’enfance, ça devrait durer toujours ».

Or, chaque page de ce livre laisse le champ libre à une multiplicité d’interprétations autour du thème du temps qui passe. Au sein d’un monde marqué par le retour incessant des saisons, et la constance de la nature, naissent des êtres changeants, fragiles et fugaces. Ainsi, quand tout semblait bien aller, les changements s’avèrent parfois douloureux, car qui dit changement dit mort de quelque chose.

 

Ce que j’en pense…

Pistouvi, un ouvrage surprenant et atypique, où les dialogues simples qui ancrent l’histoire dans un quotidien proche du nôtre, contrastent avec un univers mythologique inhabituel…

Déniché dans un rayon jeunesse, je conseille plutôt  cet ouvrage à un public adolescent et adulte.

On peut le trouver en format souple noir et blanc ou bien en adaptation colorisée en deux tomes cartonnés, rebaptisé Jeanne.

Pistouvi, Le pays des grands oiseaux, dessins de Bertrand Gatignol et scénario de Merwan, éditions Dargaud, 2011.

 

Merci à mes yeux d’avoir jeté leur dévolu sur cette si belle couverture, au détour d’un rayon (le reste du voyage en vaut la peine… en plus, ça se lit vite, alors, pourquoi s’en priver…)

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