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Collectif 3 min

Nos pépites du Salon de Montreuil

L’inauguration du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil aura bientôt lieu. Malgré un format un peu particulier cette année, la cérémonie de remise des Pépites aura bien lieu ! L’occasion pour nous de vous présenter nos Pépites parmi la sélection du Salon.

La Capucine

Louise vit une existence plutôt malheureuse exploitée par un maraîcher qui la bat. Son seul salut, elle le trouve dans la terre qu’elle adore exploiter pour en retirer des fruits et légumes si beaux qu’ils voyagent jusqu’en Angleterre et même en Russie. Elle trouve aussi du réconfort chez sa voisine et amie Bernadette, qui se dit possédée par le fantôme de Victor Hugo.

Un jour, après la raclée de trop, Louise décide de fuir vers Paris, pour y retrouver sa mère employée chez une famille bourgeoise.

On découvre une jeune fille de 13 ans en avance sur le XIXe siècle dans lequel elle vit. Avec son caractère bien trempé, elle ne se laisse pas faire et rend les coups que lui donnent le fils de son maître. Elle a des idées de liberté qui la pousse à fuir la violence qu’elle subit et à mettre ses talents de jardinière à contribution pour gagner sa vie dignement.

C’est un véritable tableau de Paris au XIXe que nous dépeint Marie Desplechin à travers les différentes rencontres que fait Louise au cours de son périple : les maraîchers de Bobigny, les forts des Halles de Paris, les pénichiers du Nord qui tirent à bouts de bras leur péniche sur les canaux de la région parisienne, et même un certain dramaturge du nom d’Alexandre Dumas. L’autrice donne à voir un Paris en pleine transformation technologique, artistique intellectuelle.

Notons que Marie Desplechin est la lauréate, cette année, du prix de la Grande Ourse décerné par le Salon de Montreuil et qui recompose un auteur « qui marque durablement la littérature de jeunesse ».  Le salon souligne « une œuvre pleine d’humour et d’humanité, de tendresse et d’engagements », ce que l’on retrouve pleinement dans La Capucine.

La Capucine, Marie Desplechin, L’École des loisirs, octobre 2020, 15€.

par Kummba

Ama, le souffle des femmes

Tout dans la couverture de cette bande-dessinée m’a intriguée. Au-delà de son visuel au bleu profond qui nous appelle, le titre Ama, Le souffle des femmes interroge. Qu’est-ce qu’une Ama ? Quels sont ces glyphes japonais ?

Été 1962, Hegura, au Japon. La jeune Nagisa débarque de Tokyo pour y retrouver sa tante Isoé, la sœur de sa mère qui a abandonné l’île longtemps auparavant sans plus jamais donner de nouvelles. Ce qui n’a pas été sans déplaire à ses proches.

Nagisa est quelque peu déroutée devant l’activité de sa tante, qui plonge nue pour dénicher des ormeaux, ces coquillages nacrés qu’elle vend ensuite pour gagner sa vie. Isoé est une Ama. Elle exerce un travail physique, méticuleux, qui demande beaucoup d’expérience pour se repérer parmi les vagues et les fonds marins. Nagisa s’y forme, grâce aux femmes de l’île qui lui enseignent patiemment les différentes techniques de pêche. En parallèle de cet apprentissage, elle découvre le fonctionnement et les coutumes de ce lieu magnifique, et surtout, le travail des ces femmes courageuses, qui sont de véritables cheffes.

Dans cette bande-dessinée, le statut des Ama, à part dans la société, est passionnant. Ces femmes étonnantes, au début des années 1960, n’hésitent pas à se rebeller et à contredire celui qui voudrait se jouer d’elles. C’est effectivement ce que Nagisa va apprendre peu à peu. Pudique et réticente en arrivant à Hegura, elle s’affirme progressivement, parvient à maîtriser les différentes techniques de pêche, et à faire le deuil d’un événement tragique.

Que ce livre porte bien son nom ! L’histoire de cette Ama en devenir est un vrai souffle. L’intrigue nous emporte sans difficulté, et les moments de contemplation sont nombreux et savoureux. Les illustrations aux tons bleu, noir et blanc participent de cette atmosphère paisible, dans laquelle on apprécie chaque détail. Je pense par exemple au gros plan sur le thé qui fume encore, la nuit éclairée d’étoiles et de lampions, la liberté de ces femmes sans complexe, la douceur de la mer calme…

Plongez sans attendre dans ce livre passionnant, dont on ressort enchanté.e.s !

Le souffle des femmes, écrit par Franck Manguin et illustré par Cécile Becq, éditions Sarbacane, 2020, 21,50€.

par Manon

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