
R
Collectif 4 min
Redécouvrir des classiques
En amont des journées pluvieuses du mois de novembre, nous vous proposons aujourd’hui une sélection de deux ouvrages récents qui nous ont beaucoup plu, et que nous sommes heureuses de vous faire découvrir. Tous deux sont sont parus aux Éditions Sarbacane, maison d’édition qui apporte toujours un grand soin aux illustrations.
Le Dernier des Mohicans
Vous pensez connaître l’histoire de Chingachgook, Le Dernier des Mohicans ? Détrompez-vous ! Thibault Vermot donne un nouveau souffle au roman de James Fenimore Cooper en le rendant accessible à une nouvelle génération, accompagné par les illustrations dramatiques de Frédéric Pillot.

Le Dernier des Mohicans est un roman historique américain publié en 1826. Il raconte, au milieu du XVIIIe siècle, les guerres coloniales entre Français et Anglais, aidés de leurs alliés amérindiens respectifs. C’est un drame, un voyage, une aventure au cœur de la jungle et des défenses militaires. Mêlant histoire d’amour et ode à la liberté, c’est un classique pour tous les âges.
Les jeunes lecteurs s’identifieront notamment à Cora et Alice, deux jeunes filles enlevées par les Hurons. Elles doivent garder leur calme au milieu des batailles et ne sont pas insensibles au charme de leurs sauveurs. Beaucoup d’autres personnages, amis et ennemis, gravitent autour d’elles : le chef des Mohicans Chingachgook et son fils Uncas s’allient à l’éclaireur Hawkeye pour les protéger, contre Magua et sa tribu. Malheureusement, les dangers seront nombreux et risquent de leur être fatals…
Le texte de Thibault Vermot est clair et concis. Le rythme de la narration ne faiblit pas un seul instant, en gardant l’essence de l’original pour le plus grand bonheur des lecteurs francophones. Ainsi, les notes de bas de pages nous apprennent qu’un narragansett est une race de cheval, et que l’alcool est appelé « eau-de-feu ». J’apprécie particulièrement cet aspect authentique de l’écriture, qui enrichit les connaissance des enfants plutôt que de simplifier pour se mettre à leur portée. Les chapitres courts maintiennent le suspense.
Les illustrations de Frédéric Pillot, dessins en noir et blanc ou peintures en couleurs, rendent l’histoire encore plus vivante. Loin de remplacer notre imagination pour créer une représentation des personnages, elles la stimulent davantage. Les scènes sont d’une profondeur incroyable et obligent le lecteur à s’arrêter pour en saisir chaque détail. Le style faussement naïf contrebalance parfaitement la violence de l’histoire.
C’est cet équilibre entre texte et image, avec chaque aspect soigneusement travaillé, qui rend cet album si poignant. Espérons que cette lecture dont on ne sort pas indemne soulèvera questions et réflexions, débouchant probablement sur une relecture bienvenue. Le Dernier des Mohicans s’inscrit dans la lignée des grands romans d’exploration de territoires et d’identités, transformés en album intemporel par Sarbacane tels que Le Garçon qui voulait devenir un être humain.

Le Dernier des Mohicans, Thibault Vermot (d’après James Fenimore Cooper), illustrations de Frédéric Pillot, Sarbacane, 2025. À partir de 9 ans.
Stéphanie
Le Baiser du soir
Vous souvenez-vous de ces moments où enfant, vous étiez sur le point de vous endormir, un soir où de la famille ou des amis de vos parents étaient à la maison ?
C’était un instant de flottement où l’on percevait les voix des adultes fortement puis s’éloignant peu à peu, jusqu’à ce que l’on s’abandonne à la rêverie. Ce moment d’entre-deux était aussi synonyme de l’attente du coucher et du baiser du soir, pour enfin pouvoir s’endormir réellement.

Dans Le Baiser du soir, Clémentine Beauvais restitue cette longue attente, en ciselant celle décrite par Proust dans À la recherche du temps perdu afin qu’on puisse mieux la ressentir et l’éprouver, page après page.
Au fur et à mesure de la lecture, on se surprend, en émoi avec l’enfant, à attendre et à guetter nous aussi ce moment de tendresse, jusqu’à redouter sa fin. Jusqu’à la prochaine fois.
On connait bien Clémentine Beauvais pour ses romans, un peu moins pour ses albums. Et pourtant ! On se laisse porter, transporter avec la délicatesse de ses mots. Cet album et les autres méritent d’être connus autant que ses romans.
Dans cet album, les illustrations de Camille Romanetto incarnent la poésie du texte pour mieux nous la transmettre. On observe avec délectation l’attention portée aux détails des motifs : de la tapisserie, des tissus, des meubles, des couvertures de livres – nous aussi, on aime Kazuo Iwamura, la famille Souris et Le Bonhomme de neige de Raymond Briggs. La douceur du trait et de l’aquarelle sublime le message et exprime avec justesse la lumière particulière de cet instant.
Qu’on ait lu Proust ou pas, la lecture du Baiser du soir nous replonge en enfance et on aura plaisir à la partager. Je me suis très bien souvenue, de ces moments où enfant, allongée dans mon lit à la lisière de l’endormissement, le sommeil venait me cueillir. Un album qui saura accompagner le coucher de vos enfants. Un livre délicieux à mettre sous l’oreiller ou au pied du sapin !
Le Baiser du soir, Clémentine Beauvais, illustrations de Camille Romanetto, Sarbacane, 2025.
À partir de 4 ans.
Léa



Avis de lecteurs
Rédiger un commentaire