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Ariane Baste Morand 3 min

Seul avec mon chien

Après la parution de l’Édit qui commande la destruction de toutes les fleurs de jasmin, Miro commence à soupçonner le Roi d’être abusif et malveillant. Et le peuple avec lui redoute ses prochaines décisions :

« Que peut-il bien arriver d’autre, quand un roi décide de condamner à mort une fleur ? » 

Qui plus est, une fleur aussi délicate et belle que celle de jasmin !

La catastrophe tombe lorsque le Roi ordonne de bannir tous les chiens du Royaume. La famille de Miro se rassemble et se décide à agir. Leur chien, Tito, a grandi avec Miro et les deux sont inséparables. Pour Miro, sa vie a commencé lorsque Tito y a fait irruption :

« C’est à se demander pourquoi il n’y avait pas de souvenirs qui dataient d’avant lui. Comme si le temps de Miro enfant était divisé en deux par une ligne rouge bien nette tracée sur le sol, Avant Tito et Après Tito, et que seul le Après ne compte, comme si le Avant avait été annulé, n’était plus qu’un tas de pauvres échardes de l’enfance. C’est uniquement dans le Après que tout prenait sens. C’était dans le Après que Miro avait appris à prendre soin de quelqu’un. Avant c’était les autres qui prenaient soin de lui. »

Ensemble, ils décident que Miro et Tito doivent fuir car c’est le seul moyen de sauver la vie de leur chien. Pour ne pas éveiller les soupçons, ses parents les rejoindront plus tard.

Commence alors un voyage initiatique pour le jeune Miro, livré à lui-même dans la nature sauvage qui entoure le Royaume. Mais il n’est pas seul : Tito le suit partout de son pas léger et bondissant.

« J’imagine qu’au début il devait être déboussolé, avec tout cet espace autour à explorer à sa guise : comme s’il n’y avait plus de limites. Parfois les limites sont agréables parce qu’on sait où on est. Maintenant Tito et moi on n’est plus qu’un petit point dans le monde, et il n’y a pas de dedans mais que du dehors et encore du dehors. »

Le récit devient un long monologue intérieur, rempli des sensations et des pensées du jeune narrateur. Son expérience solitaire et profonde éveille son esprit à la complexité du monde adulte, forçant Miro à grandir plus vite. Ses doutes alourdissent son pas lorsqu’il perd espoir :

« aimer un chien, c’est une erreur ? Et qu’est-ce qu’un monde où on est punis à cause de l’amour ?

Mais ce sont des questions énormes, et encore une fois je ne comprends pas, je ne sais pas répondre tout seul, et ici il n’y a personne qui puisse répondre à ma place. »

On rencontre aussi la Peur, la Faim et la Soif pendant son exil, sous la forme d’une femme au visage bandé et celles de deux petites filles qui se tiennent la main et rient sans cesse en poursuivant Miro et son chien.

Mais il revient toujours à la présence bienveillante de Tito à ses côtés, cet ami sincère et dévoué qui fait chanter son coeur. L’amour reprend le dessus et le voyage reprend son sens. 

L’écriture est aussi douce que la fleur de jasmin, précieuse et craintive, poétique. C’est un texte touchant et intelligent. Une bonne introduction à la littérature des grands !

Beatrice Masini est une auteure, journaliste, éditrice et traductrice italienne qui a notamment écrit L’aquarelliste et Enfants de la forêt. C’est aussi la traductrice de la série Harry Potter en Italie !

Seul avec mon chien est paru en 2011 aux éditions La Joie de lire.

Roman à partir de 10 ans.

Ariane

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