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Manon 2 min
Et opala
Ce livre comporte exactement tout ce que j’aime en littérature jeunesse : le fait d’aborder un sujet grave avec des mots doux, par des couleurs gaies et éclatantes, le tout parsemé d’un peu de poésie. Il s’agit d’Opas Insel (l’île de Papi) de Benji Davies, publié aux éditions Aladin en Allemagne.
C’est quoi l’histoire ?
Sam est un petit garçon dont le grand-père habite juste au bout de son jardin. Or un jour qu’il se rend dans l’endroit préféré de son papi, celui ci n’y est plus. Il est plutôt dans cette pièce mystérieuse où se trouvent tous les objets qu’il a rapporté de ses périples. Et un voyage en entrainant un autre, celui de Sam et de son grand-père débute : derrière la porte métallique de ce grenier se trouvait en réalité le grand navire de Papi qui s’apprête à l’emmener sur une île qu’il connaît déjà bien. Après avoir navigué calmement sur l’eau, ils débarquent enfin au milieu d’une nature aux couleurs féériques, qu’ils parcourent dans les moindres recoins. Ils y trouvent une cabane confortable où passe simplement une petite brise. Et en un clin d’œil, tout deux la rendent chaleureuse :
« Er war ein wenig in die Jahre gekommen, aber mit einigen Handgriffen und ein wenig Hilfe sah alles bald picobello aus »
(« Il [le grand-père] y était venu de temps à autre durant l’année passée, mais en deux temps trois mouvements et avec un peu d’aide, tout fut bientôt impec » ou « picobello » en allemand ; j’aime bien cette expression, elle correspond complètement à ce qu’ils font de cette cabane).
Or de cet endroit bel et bien paradisiaque, le grand-père de Sam voudrait cette fois ne pas revenir. Et si son petit-fils a peur qu’il se sente seul, il est bien vite rassuré. Tortues, petits crapauds, perroquets, et papillons en tout genre sont là pour lui tenir compagnie. Le retour de Sam, seul, n’est pas facile. L’océan est plus tourmenté, lorsque que Papi n’est pas là, et le voyage semble plus long. Le jour suivant, le petit garçon retourne dans cet endroit mystique d’où étaient partis son grand-père et lui. Il n’y a plus personne, mais son Papi trouvera le moyen de lui faire un petit signe…
Pourquoi l’île d’Opa ?
Voilà donc pourquoi ce livre m’a tant plu. Léger, simple, et loin d’être vide de sens, on voyage volontiers avec Sam et son Papi moustachu. La disparition de son grand-père ici n’est pas dite explicitement, mais elle est assez claire pour comprendre qu’il ne reviendra définitivement pas. Si disparaître, mourir, signifie vivre dans un endroit paisible et chaleureux, alors la notion de disparition devient plus facile à envisager pour un petit lecteur. Il ne s’agit pas ici de cacher la mort d’un être cher, mais de l’aborder avec douceur ! Alors, warum nicht? OUI à cet album trouvé dans une librairie de Stuttgart.
Opas Insel (L’île de Papi), écrit et illustré par Benji Davies, éditions Aladin, 2015 (Simon & Schuster, 2015 pour l’édition originale).
Cet album a été édité chez Milan en novembre 2015, sous le nom de Capitaine Papy.
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