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Manon 3 min
Le-garçon-dont-on-ne-peut-pas-prononcer-le-nom
Désolée de vous décevoir, il ne s’agit pas de parler ici du fils d’un certain mage noir, mais plutôt d’une jolie histoire écrite par Claudine Galea et illustrée par Françoise Pétrovitch, parue aux éditions Thierry Magnier en septembre 2016, en lice pour les Pépites du salon de Montreuil dans la catégorie « Album : Tu t’appelles qui ?
Un héros en devenir
« L’enfant habitait un endroit sans enfants.
Un pays peuplé d’êtres vivants, mais aucun qui lui ressemble.
Il n’avait pas de nom. Le pays était beau, un vaste territoire peuplé d’étangs, de lacs, de collines, de bois, d’animaux petits et grands.
Un pays bon à arpenter, à rêver. Toutes celles et ceux
Qu’il rencontrait lui disaient : Bonjour, comment tu t’appelles ?
D’abord il ne répondit pas. Puis il dit : Je ne sais pas.
Puis il dit : Je n’ai pas de nom. »
Le héros de notre histoire n’a donc pas de nom, du moins lorsque le récit commence. Et c’est bien ce qui décide le jeune homme à partir en vadrouille, armé d’un sac, d’un couteau et d’un cahier. Par ses différentes rencontres en plein milieu de la nature, l’enfant s’interroge. Il n’est pas semblable à cet élément gris et dur qu’il rencontre, la pierre. Il ne peut donc s’appeler Pierre. Il ne s’apparente pas non plus à ce volatile qui lui propose de s’appeler le non-oiseau. Mais bon, il faut bien se l’avouer, c’est pas terrible comme prénom. Devant le plus grand arbre de la forêt, il se demande s’il n’est pas de la même famille que lui. Or non, impossible. Il n’a pas de feuilles. À la rigueur, on lui suggère qu’il peut être un Arbre-en-hiver puisque ses bras sont nus… Sinon, que penser d’un prénom tel qu’Écureuil-en-devenir ? C’est vrai après tout, comme ces petites bêtes, il est roux et adore les noisettes. Néanmoins, sa queue en panache improvisée avec une écharpe laisse à désirer… D’ailleurs, il ne veut pas être « en devenir ». Il veut être quelqu’un maintenant.
De rencontre en rencontre, il atterrit finalement en ville, où il est bouleversé : où sont les baies qu’ils se plait à cueillir et les poissons qu’il aime pêcher ? D’où vient tout ce bruit ? Pourtant, c’est bien en ces lieux qu’il s’apprête à trouver son prénom. Quelqu’un lui vient en aide et parvient à lui redonner espoir avec cette chose si douce qu’il découvre… le chocolat. L’Autre lui montre qu’ils sont bien semblables : « des cheveux, un corps, une bouche qui parle ». Elle n’a pas d’ailes, ni de feuilles. Oui, « dans les yeux de l’autre, il se voyait ». L’un n’a pas de prénom, l’Autre veut en changer. Ils s’étaient bien trouvés. Il vous faudra finir le livre pour connaître le prénom de ces deux petits….
Pépite or not Pépite ?
Au départ un peu surprise par des illustrations plus épurées que les ouvrages en général édités par Thierry Magnier, c’est en lisant l’histoire que j’ai véritablement compris la raison pour laquelle cet album était sélectionné parmi les livres qui concourent pour la Pépite « Album » de Montreuil. En quête d’identité, le personnage est touchant dans sa découverte de l’environnement. Cette plongée au cœur de la nature est vraiment agréable : on y voit un enfant qui s’y sent bien, qui la questionne et l’appréhende, qui s’y confronte et qui s’étonne. Bref, j’avais envie d’y être aussi.
Ces illustrations qui m’ont au départ déroutées, sont en accord avec un texte riche, haut en couleurs. Ces allures de peinture à l’eau m’ont plues pour leur originalité. Dans des teintes d’aquarelle, les tâches colorées et diffuses qui envahissent chaque page sont à l’image du sentiment de l’enfant. Vert lorsqu’il est allongé dans l’herbe, noir lorsqu’il est confronté aux grands arbres, jaune en présence d’un vif écureuil, tons rose et bleu clairs lorsqu’il se sent bien, à la fin, avec l’Autre. Je ne saurais vraiment dire pourquoi, ces dessins m’ont rappelé les contes scandinaves, peut-être pour l’apparente simplicité du trait des personnages. Leurs prénoms non sans connotions nordiques en sont peut-être la confirmation…
En tout cas, cette lecture nous fait du bien et nous donne envie nous aussi de prendre le temps d’aller à la rencontre des oiseaux, sapins, écureuils… C’est pour moi, une jolie Pépite.
À suivre…
Tu t’appelles qui ? de Claudine Galea et Françoise Pétrovitch, éditions Thierry Magnier, 2016.
19,50 €
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