Un voyage en ballon avec "Le Loir à la théière"

Entrons dans l’automne avec un livre aussi doux qu’un loir. C’est ce que nous proposent Anahita Ettehadi et Juliette Lagrange – deux autrices que nous aimons beaucoup chez Lisons Jeunesse – avec leur tendre album Le Loir à la théière. Un livre réconfortant, qui nous apporte une grande bouffée d’air frais au milieu des sapins et des étoiles.

Lewis aux pays des merveilles ?

Lewis, un mignon loir gris à lunettes, collectionne les marrons à l’approche de l’hiver. Ces gros fruits bruns, il les adore. Il en a de toutes les formes, « bombés, cossus, ou tordus, il les aime tous ». Un jour, il partage ses fruits adorés avec son papa qui, malin et bricoleur, lui fabrique un magnifique fauteuil grâce à leur écorce. Notre petit loir est stupéfait. Plus tard, lui aussi, il confectionnera des objets tout aussi beaux.

Tout à coup, la famille loir se retrouve piégée par un incendie. Les flammes proviennent de l’arbre dans lequel elle demeure. Affolés, Lewis et ses parents prennent la fuite, mais notre petit loir s’égare. Il a glissé des bras de sa maman. Il les cherche et les appelle à travers toute la forêt, en vain. Dehors, il fait bien froid. Il lui faut trouver un abri dans lequel se réfugier… Refuge qu’il trouve dans une jolie théière abandonnée.

Lewis se creuse les méninges. Il a plus d’un plan en tête pour retrouver sa famille, et la nature va lui être d’une grande aide. Avec des feuilles mortes, il coud un manteau qui lui permettra de faire voler sa théière devenue montgolfière. Grâce à l’aide des lucioles, le manteau de feuilles s’élève et la théière décolle. Elles lui apportent la lumière dont il a besoin dans la nuit noire. Cette fois c’est la bonne, Lewis le sait, il va rejoindre ceux qu’il aime.

La recette d’un album réussi

Un loir tout mignon, une théière et des illustrations épatantes, voilà la recette de cet album très réussi. Cette histoire écrite par Anahita Ettehadi est pleine d’entrain et de poésie. On y apprend à persévérer loin de ceux qu’on aime et de faire feu de tout bois (si je puis dire). Les mots sont toujours tendres, même lorsque les flammes dévorent la tanière de notre petit héros. On y voit « une pluie de branches en feu » et « une fumée qui danse ». Cela n’empêche pas le petit Lewis d’être parfois confronté à des émotions difficiles. Il se sent seul et craint de ne pouvoir retrouver ses parents. Il parvient toutefois à surpasser ses peurs, et pour le mieux, car son courage lui permet d’atteindre son but.

À cette histoire s’ajoutent les illustrations de Juliette Lagrange, délicates, lumineuses et aux détails minutieux. Comme toujours chez cette illustratrice, la nature y est accueillante et dense. Nous sommes plongé·es dans un bain de forêt dans lequel on se laisse volontiers ensevelir. Même si Lewis s’est égaré, la forêt aux couleurs aquarelles y est rassurante et belle. Éclairée de lucioles qui s’apparentent à des étoiles, même la nuit y est apaisante et onirique. C’est pour mieux voir la théière qui s’envole et contraste avec la nuit bleutée. Le ballon se remplit d’une lumière chaude et orange, dégagée par les insectes lumineux qui tiennent compagnie au petit loir.

Je dois dire que dès la couverture et le titre – qui n’est pas sans faire référence au salon de thé parisien « Le loir dans la théière » – cet album me plaisait. Je n’ai pas été déçue par la suite, et vous encourage fortement à vous procurer cet album délicieux ! On se glisse dans cette histoire comme on se glisse dans un pyjama douillet. À savourer, pourquoi pas, sous un plaid ou avant de se coucher avec une bonne tisane. Attention cependant, qu’un petit loir n’ait pas élu domicile dans votre théière…

Pour les plus curieux·ses, vous pouvez feuilleter les premières pages du livre sur ce lien.

Retrouvez ici une interview d’Anahita qui revenait sur son métier de libraire, son autre casquette, et celle de Juliette Lagrange à propos de son travail et ses sources d’inspiration !

Le loir à la théière, Anahita Ettehadi et Juliette Lagrange, Éditions Sarbacane, septembre 2022.