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Claire Deutsch 2 min

Ces classiques qui marquent la jeunesse #1 : Huis Clos

Parce que les grands classiques de la littérature générale nous touchent autant voire plus que la littérature jeunesse à proprement parler, nous avons décidé de vous faire part de ces chefs-d’œuvre qui ont marqués notre enfance ou adolescence. Aujourd’hui, Claire, qui vient tout juste de rejoindre l’équipe Lisons jeunesse, ouvre cette nouvelle catégorie avec l’incontournable Jean-Paul Sartre. Bonne lecture !


Huis Clos, de Jean-Paul Sartre fut publié pour la première fois en 1947, mais la première représentation eu lieu en 1944. Classique du théâtre, cette pièce m’a particulièrement marquée.

Les personnages sont complexes, la situation atypique et le concept différent des œuvres que je lisais à ce moment-là. Il y a, pour moi, dans cette pièce, une sincérité un peu grinçante et des personnages auxquels on s’attacherait presque. Découverte au lycée, en cours de théâtre justement, j’ai pris un grand plaisir à en jouer des extraits, et rêve encore secrètement de la mettre en scène.

Estelle, Inès et Garcin ne se sont jamais vus et ne se connaissent pas. Leurs vies n’ont rien en commun : Garcin est journaliste, Inès est employée des postes et Estelle, riche mondaine, n’a pas d’emploi. Et pourtant les voilà morts, coincés dans la même pièce, à attendre que l’on vienne s’occuper d’eux. Car si, ils ont un point commun !
Ils sont morts, et en Enfer.
L’attente se fait longue, les questions subsistent, ils commencent donc à discuter. De conversations futiles en anecdotes, chacun se dévoile un peu plus, fissurant lentement mais sûrement l’image d’eux qu’ils ont présentés aux autres.

Point d’introduction point d’explication, le lecteur  prend le train en cours de route et assiste à l’arrivée de chacun des personnages dans la pièce. Il découvre avec eux les lieux et se retrouve confronté aux mêmes interrogations. C’est donc ça l’Enfer ? On va venir s’occuper d’eux ? Et puis « eux », qu’est-ce qu’ils ont donc fait pour se retrouver là ?

Jean-Paul Sartre instaure petit à petit une tension qui remplit totalement la salle, n’allouant à ces personnages plus une seule bouffée d’air. Cette même pièce qui n’offre aucune possibilité de se cacher, ici on ne peut échapper à ce qu’on est. Et si les trois protagonistes essayent tant bien que mal de brosser la vérité et de se présenter sous leur meilleur jour, tentant presque ainsi d’échapper à leur sort, ce n’est que pour mieux la faire exploser par la suite. Sartre présente ici une vision de l’Enfer bien loin des flammes et des diablotins munis de fourche, ce qui ne manque pas de déstabiliser nos personnages au premier abord. Pas de bourreau défini comme tel, puisque chaque personnage l’est pour les autres.

De cet ouvrage provient la célèbre phrase « L’Enfer, c’est les autres » souvent interprétée à tort. Ce qu’explore cette pièce c’est le rapport à l’autre, la dépendance à son regard pour la construction de soi.

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