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Stéphanie 3 min

Ne retournez jamais chez une fille du passé

« On attend avec impatience le tome 2 des aventures d’Andréa et Pénélope ! » C’est sur cet espoir que Kummba concluait sa chronique du 8 avril dernier à propos de Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous. Dans ce tome 1, nous faisions la connaissance de Pénélope, une adolescente de l’an 2187 perdue à notre époque – c’est-à-dire en plein Moyen Âge. Recueillie par Andrea, lycéenne en mal d’adrénaline, elle tentait désespérément de rentrer chez elle tout en échappant à la tueuse lancée à ses trousses, sans changer le cours des choses ni provoquer de paradoxe temporel. Un programme chargé…

Eh bien voilà, le tome 2 est enfin arrivé. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Nathalie Stragier place la barre encore plus haut avec Ne retournez jamais chez une fille du passé.

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Un humour toujours présent

Il faut dire que cette suite réutilise habilement les ingrédients qui avaient fait le succès du tome 1, notamment un humour décalé qui fait mouche à tous les coups. Car pour une fille du futur, notre monde barbare et arriéré est forcément incompréhensible… et donne lieu à des situations cocasses au quotidien :

« Heureusement, je porte une tenue couvrant l’ensemble de mon corps, sauf ma tête et mes mains. Ici, les chapeaux sont proscrits car Mme Ragon, la CPE, n’aime pas ça du tout. Elle tient beaucoup à voir les cheveux de ses élèves. Je n’ai toujours pas bien compris pourquoi. Peut-être est-ce pour vérifier qu’ils n’ont pas de poux ? Ce serait alors la signification de ce sigle mystérieux, CPE : Contrôle des Poux à l’Entrée. »

Pourtant, Pénélope est fermement décidée à s’intégrer et à adopter les mœurs du XXIe siècle, aussi médiévales soient-elles.

 

Des thèmes difficiles

C’est donc l’occasion pour elle de s’intéresser à tous les aspects de notre mode de vie, depuis le maquillage jusqu’à Flaubert, et l’occasion pour l’auteure de traiter sur un mode léger des sujets graves, comme la crise des migrants :

« Mais cette femme politique a des intonations agressives, et je ne suis pas sûre qu’elle soit ravie d’accueillir des migrants. Dans son discours, il est question de tests à passer pour vérifier le niveau de langue et les connaissances sur la culture du pays d’accueil. […] La perspective d’un QCM sur le genre masculin me préoccupe. […] C’est que j’ignore la vitesse de repousse des poils masculins, moi ! […] Dois-je vraiment adopter toutes les coutumes locales ? […] Ne pourrait-on pas plutôt garder le meilleur des deux cultures, celle du pays d’origine et celle du pays d’accueil ? »

Dans ce tome, Nathalie Stragier ajoute donc à son manifeste féministe des interrogations sur l’immigration, l’écologie, la dictature de la mode… et bien sûr la maladie, qui joue un rôle prépondérant dans l’intrigue.

 

Un rythme haletant

C’est avant tout pour lutter contre la Grande Grippe, ce virus capable de décimer la moitié de l’humanité, que Pénélope et Andréa se lancent dans une véritable course contre la montre. Ce tome gagne beaucoup en rythme et en suspense, avec des rebondissements aussi fréquents qu’inattendus qui nous incitent à vouloir en lire toujours davantage. Chapitre après chapitre, on dévore sans s’en rendre compte ce pavé de 450 pages, en s’attachant tellement à Pénélope qu’on est prêt à tout pour prolonger le plaisir encore un peu… même à « liker » sa page Facebook en oubliant qu’il ne s’agit que d’un personnage de fiction.

Ne retournez jamais chez une fille du passé, Nathalie Stragier, Syros, juin 2016.

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