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Stéphanie 3 min

"As de Pique" par Faridah Àbíké-Íyímídé

Une école prestigieuse, un mystérieux corbeau, des amours compliquées : la dernière année de lycée ne s’annonce pas de tout repos. Avec As de Pique, Faridah Àbíké-Íyímídé nous propose un croisement entre Gossip Girls et Get out, présents dès la première page sous forme de citation. Une façon de plonger le lecteur directement dans un univers bien à elle… et de le mettre en garde.

Couverture "As de Pique" par Faridah Àbíké-Íyímídé

Résumé

Devon et Chiamaka viennent de devenir préfets de dernière année à l’académie Niveus ; ce qui est normal pour l’une et beaucoup moins pour l’autre. Chiamaka est populaire, riche, intelligente et déterminée – elle sait ce qu’elle veut et se donne beaucoup de mal pour l’obtenir. Le talent principal de Devon est de se rendre invisible pour ne surtout pas mettre en danger sa bourse d’étude – à commencer par cacher son homosexualité. Mais les voilà tous les deux distingués par le nouveau proviseur, avec les responsabilités que cela implique. Pourquoi ? Et s’agit-il vraiment d’une récompense… ou d’une machination ?

Car ils sont rapidement ciblés par un mystérieux harceleur, As, bien décidé à dévoiler leurs secrets les plus intimes. Humiliés devant toute l’école, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour découvrir la vérité et protéger leur réputation. Voire leur vie…

Critique

Le suspense fonctionne bien grâce à une intrigue rythmée. Rebondissements et retours en arrière créent une atmosphère de méfiance où l’on ne sait jamais à quoi s’attendre. Même les protagonistes ne nous disent pas toute la vérité, alors que l’histoire est racontée à la première personne. Après tout, s’ils n’avaient rien à cacher, leur maître-chanteur n’aurait aucune emprise sur eux…

Et Faridah Àbíké-Íyímídé, tout comme As, sait parfaitement faire monter la tension. Elle distille peu à peu les indices, soulevant encore plus de questions et resserrant l’étau autour des victimes. Devon et Chiamaka n’ont aucune échappatoire. Et le lecteur se retrouve pris au piège avec eux, tournant les pages de plus en plus vite pour voir ce qui les attend.

Malheureusement, si l’on s’intéresse aux événements (et surtout aux thèmes du racisme et de l’homophobie qu’ils abordent), on s’attache plus difficilement aux personnages. Chiamaka est froide et manipulatrice, Devon est insipide et faible. Ce sont certainement des adolescents plausibles que l’on rencontre tous les jours dans les couloirs du lycée, mais cela ne les rend pas aimables.

Le décor absurdement luxueux et rigide de l’école peut sembler d’un autre temps – ou d’un autre monde. Un monde où les ados possèdent des vêtements de marque et des voitures de sport, et leur seul problème est de se procurer assez d’alcool pour faire la fête tous les soirs. Même si les notes et l’université ne sont jamais loin de leurs préoccupations, ce n’est pas une vie à laquelle tout le monde peut s’identifier facilement.

Je recommande donc As de Pique avec quelques réserves, étant presque davantage un thriller sociologique qu’un roman pour ados ordinaires. Il donne un aperçu intéressant de la façon dont vivent les fameux 1%, et délivre un message fort et nécessaire. Mais il n’apporte pas l’idée du siècle, et n’évite pas quelques maladresses narratives que des lecteurs avertis repéreront facilement.

Faridah Àbíké-Íyímídé, As de Pique, éditions De Saxus, 2023.

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