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Bérengère 2 min

La lumière au bout du tunnel

Le son des couleurs nous emmène dans un voyage en métro, un voyage les yeux fermés… Ce bel ouvrage illustré par le Taïwanais Jimmy Liao nous transporte à la suite d’une jeune aveugle. Attention aux maux de cœur.

Couloirs colorés

Le jour de son anniversaire, une jeune fille perd définitivement la vue. Avec elle, on s’enfonce dans les entrailles du métro pour une promenade sans trop de but. Mais ce voyage n’a rien d’une descente aux enfers : c’est plutôt un voyage poétique et optimiste où la jeune aveugle retrouve les couleurs qui lui manquent. Le long des couloirs, dans les rames de métro et de part et d’autre des longs escaliers qu’on la voit, page après page, descendre, monter et arpenter, se dessinent des paysages colorés et lumineux. On voit ainsi surgir une multitude de petits animaux, d’éléments improbables et magiques : des éléphants, le Petit Chaperon rouge, des dauphins, le Max des Maximonstres ou encore une lune en cage…

À mesure qu’avance sa canne tâtonnante, les décors se transforment, au gré de l’humeur de l’enfant. En effet, c’est le regard intérieur de la petite qui nous est donné à voir.

Escalators

On suit des hauts et des bas, les accès de désespoir et les espoirs de la jeune fille. Car parfois elle se perd, elle a peur au milieu des inconnus qu’elle ne voit pas, tombe dans les escaliers et se laisse envahir par la solitude. Mais courageusement, elle rebondit.

« je me blesse souvent dans cette ville
Par bonheur, je récupère très vite. »

Aux scènes peuplées de monstres, emplies de brume et glacées par la peur succèdent le retour du soleil, l’arrivée des oiseaux et la profusion des couleurs. La petite fille sait de quoi sont faits les pièges et se rattache aux « merveilles du monde, sa beauté, [qui l’]empêchent de lâcher prise ».

Guidée par les mots

Le voyage d’image en image est également ponctué des phrases que la jeune aveugle se dit à elle-même. C’est un monologue intérieur qui parle de la peine, du manque et de la solitude mais sert aussi à se souvenir des raisons de garder espoir, à s’exhorter à se relever, et à se souvenir des petites merveilles et des miracles de la vie.

Cet ouvrage inspirant finit sur ces mots : « Je cherche la petite lumière qui palpite en moi » et  il y a fort à parier que cela éclairera plus d’un visage.

 

Le son des couleurs, un album de Jimmy Liao traduit par Stéphane Lévêque, Bayard.

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