D
Chloé 2 min
Des rêves avec vue sur le monde
Monsieur Rêve au secours de Moroseville
Les événements ne s’annoncent guère joyeux dans la ville imaginaire de Moroseville où les habitants résident dans des maisons sans portes ni fenêtres, coupés les uns des autres. Pourtant, le rêve est heureusement encore permis… Chaque soir, dans l’usine de Moroseville, d’une recette à base gâteaux de marzipan, morceaux d’étoiles et autres ingrédients tenus secrets, Monsieur Rêve apparaît et va de demeure en demeure prodiguer leurs songes aux dormeurs et dormeuses.
Les rêves, nous le savons, ne se résument pas à de simples divagations, ils peuvent aussi être de fabuleux souffleurs d’intuitions…C’est ainsi qu’une nuit, l’architecte de Moroseville, Saul, dans les bras de Morphée se met à rêver d’un trou apparaissant sur un mur de sa maison et qu’ensemble, les briques donnent vie à Monsieur Bric. Le fantastique n’est jamais bien loin puisqu’au petit matin Saul se réveille pour la première fois avec la douceur d’un rayon de soleil sur sa peau. Il découvre alors qu’une porte se tient face à lui ainsi qu’un tout nouvel escalier de brique lui donnant accès à l’extérieur.
Pris d’une fulgurante idée, il se dirige d’un pas décidé vers son atelier où il passe un long moment à dessiner et élaborer des plans, épaulé par ses nouveaux amis Monsieur Rêve et Monsieur Bric. Finalement son projet s’achève et il le présente aux autres habitants enthousiastes : une ville où chaque maison serait ouverte afin que chacun·e jouisse du plaisir de vivre ensemble et en harmonie avec son environnement.
Des illustrations pour la jeunesse décalées et colorées
L’artiste auteur et illustrateur Antony Huchette nous régale, avec Saul, Monsieur Rêve & le morceau de mur, de son premier album pour la jeunesse qui fait suite à deux bande-dessinées : La Marée haute (éditions Six pieds sous terre) et Brooklyn Quesadillas (éditions Cornelius) et à de nombreuses publications de dessins pour la presse (telles que The New Yorker, The New York Times, Télérama, Grazia, Revue XXI). Les illustrations sont très stylisées : des compositions simples et en mouvement qui ne s’embarrassent pas de détails, des personnages aux grands yeux blancs et le tout majoritairement de couleur rouge brique, vert et bleu, à l’image de Monsieur Rêve, ce grand gaillard aux allures de nuage humain. L’univers graphique est efficace, sans fioriture et grâce à un brin d’humour et une pincée de bienveillance, il est particulièrement agréable de plonger dans cette histoire hors de l’ordinaire.
Libre à nous, enfin, d’y faire ou non une interprétation mythique en voyant dans le personnage de Monsieur Rêve, bâti par les hommes pour les servir, des similitudes avec un autre serviteur : le Golem. Monsieur Rêve également protège et il s’y emploie en écartant les rêveurs de la morosité. Dans une simplicité presque déconcertante, Saul, Monsieur Rêve & le morceau de mur incarne comment, en combinant singularité, intuition, rêves et action, les idées les plus ambitieuses peuvent devenir réalité.
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