I
Bérengère 2 min
Il y a cent ans
Un poème sur la guerre et la vie qui continue. Pendant que les soldats meurent, que se passe-t-il ailleurs ?
Un siècle après la fin de la Première Guerre mondiale et la mort d’Apollinaire, attardons-nous sur cette guerre avec un texte de celui qui l’a vécue mais n’y a pas survécu.
Un poète et la guerre
Écrit à l’origine pour sa fiancée en septembre 1915, le poème « Il y a » est paru en 1918 dans la section « Obus couleur de lune » des Calligrammes. Apollinaire a rencontré Madeleine Pagès pendant une permission quelques mois plus tôt, avant qu’elle ne traverse la mer pour rejoindre sa famille en Algérie. Ce texte s’inscrit dans leur relation épistolaire.
Ce poème écrit à sa bien-aimée depuis le front lui parle donc de guerre et d’amour et brasse les différents sentiments du poète : attente, douleur, séparation, manque mais aussi l’espoir et les souvenirs heureux. Parallèlement, il évoque le quotidien sombre des combats et des tranchées, qui contraste avec certaines visions de paix.
On y lit les arbres alentour brisés par les bombes, ses camarades blessés, la distribution du courrier, l’inquiétude ambiante, l’artisanat des tranchées. Et face à cela, les mots tendres, les rêves d’ailleurs : les fruits et les « cactus en Algérie », « le Gulf Stream si tiède et si bienfaisant ».
Ainsi dans un grand élan d’universel met-il en rapport des choses horribles ou magnifiques, terribles ou tranquilles aux quatre coins du globe : existent parallèlement les cimetières des batailles et les marchés au Mexique, les morts au front et ces « hommes dans le monde qui n’ont jamais été à la guerre ». Des scènes qui forment une véritable synchronie.
La guerre en couleurs
Les oppositions sont marquées par le contraste qu’on retrouve dans les illustrations de Laurent Corvaisier. Alternent des pages chaudement colorées, avec l’évocation des images heureuses, et celles plus sombres en rapport avec le quotidien de la guerre. On a aussi une cohabitation entre les peintures et des photos d’archives. À côté du rêve, le concret : Guillaume Apollinaire blessé à la tête, un portrait de sa fiancée, des soldats avec un poste radio… Des clichés qui plongent dans la réalité de ce qu’évoquent les mots. Et des dessins qui contribuent à renforcer l’imaginaire : chaque page donne à lire un vers du poème, et donne à voir son illustration. L’album concrétise les paroles imagées du poète. Pour les enfants, une approche tangible de la poésie.
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