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Stéphanie 3 min

Magie volée ou bannie : se battre pour la liberté

Depuis Harry Potter et le succès qu’on lui connaît, les auteurs jeunesse aiment utiliser la magie pour pimenter leurs univers. Quoi de plus captivant qu’une créature hors du commun ou qu’un sortilège redoutable ? Chacune à leur manière, Abi Elphinstone (Sky Song) et Tomi Adeyemi (Children of Blood and Bone) tissent un monde merveilleusement dangereux. Du froid polaire au désert africain, le voyage ne fait que commencer !

Sky Song de Abi Elphinstone

Sky Song : une voix de glace

Abi Elphinstone adresse Sky Song aux jeunes lecteurs d’une dizaine d’années. Son héroïne, Eska, est enfermée dans une boîte à musique par la Reine des Glaces. Celle-ci veut voler la voix de tous les enfants du royaume pour étendre son pouvoir et devenir immortelle. Sur son chemin ne se dressent que la jeune fille et Flint, apprenti guerrier qui rêve d’être inventeur et croit encore à la magie. Heureusement pour lui, car il en aura bien besoin pour trouver le chant du ciel et sauver ses parents !

C’est avant tout une belle amitié que nous raconte Sky Song, entre deux personnages différents et complémentaires. C’est aussi une ode à la nature portée par l’imagination débordante d’Abi Elphinstone, qui n’a pas hésité à voyager jusqu’en Mongolie pour rencontrer une tribu Kazakh – ces maîtres des aigles royaux dont elle s’est inspirée pour son roman. La Nature est au cœur du livre en tant qu’enjeu de la bataille entre le Bien et le Mal – puissant soutien pour les uns, asservie et contrôlée par les autres (littéralement dénaturée).

Si le message est parfois un brin manichéen, il sait s’effacer quand il le faut derrière une histoire à la fois tendre et épique. L’atmosphère arctique vous fera rêver à coup sûr, tout comme les aigles apprivoisés et les ours à chevaucher !

Sky Song, Abi Elphinstone, Simon & Schuster, 2018.

À lire aussi : les ouvrages de Katherine Rundell (notamment The Wolf Wilder et The Explorer).

Children of Blood and Bone, Tomi Adeyemi

Children of Blood and Bone : aime ton ennemi

Visant un lectorat plus âgé (adolescents et jeunes adultes), Tomi Adeyemi dépeint dans Children of Blood and Bone un univers dur et aride où la magie n’a pas sa place. Le cruel roi Saran l’a éradiquée 10 ans plus tôt dans le sang et les armes. Aujourd’hui, les rares personnes douées de pouvoirs sont impitoyablement pourchassées. Mais tout peut changer quand Zélie met la main sur un parchemin qui développe sa magie au-delà de tout ce qu’elle avait imaginé… faisant d’elle la seule chance de salut pour son peuple opprimé. La jeune fille saura-t-elle ramener la magie – et la paix – parmi les siens malgré son désir de vengeance ?

Récit initiatique nourri de la mythologie d’Afrique de l’Ouest, Children of Blood and Bone est original et dérangeant. L’importance de la couleur de peau dans ce roman n’est pas un hasard, mais bien une volonté délibérée de la part de Tomi Adeyemi de bousculer nos certitudes ; il suffirait de peu de choses pour transformer cette dystopie en une réalité effrayante… Mais ce qui retient surtout l’attention, c’est la nécessité de questionner et de chercher à comprendre – rien n’est tout blanc ou tout noir. Le chemin vers la liberté passe par l’apprentissage de la tolérance, même si la main tendue est celle d’un ennemi.

Children Of Blood and Bone, Tomi Adeyemi, Macmillan, 2018 (VF prochainement publiée aux éditions Nathan).

À lire aussi : The Hate u Give (Angie Thomas), Entre chiens et loups (Malorie Blackman).

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